Une dégradation structurelle des finances publiques européennes
Les finances publiques européennes vont sortir de la crise fortement affaiblies, avec des niveaux d'endettement publics significativement plus élevés qu'avant crise, de l'ordre de 15 pts de PIB pour la zone euro dans son ensemble. Si en 2022, les déficits publics vont significativement diminuer, les déficits structurels (hors stabilisateurs automatiques) vont rester supérieurs à ceux d'avant crise, reflétant une dégradation structurelle des finances publiques. Celle-ci est le pendant de dépenses publiques plus élevées liées notamment aux plans de relance des pays visant à financer des investissements (écologie, numérique).
La « dérive » des finances publiques n'a été problématique ni d'un point de vue institutionnel avec la levée des règles budgétaires par la Commission européenne depuis le début de la crise, ni d'un point de vue financier avec la monétisation quasi intégrale des déficits publics par la BCE ces deux dernières années.
En 2022, les règles budgétaires contraignantes seront encore suspendues. Toutefois, dès 2023, des règles devraient être réinstaurées mais elles pourraient évoluer par rapport au cadre pré-crise pour les rendre plus lisibles et moins pro-cycliques. Un compromis va être difficile à trouver entre les pays du Nord (frugaux) et ceux de sud.
De plus, la question de la soutenabilité des dettes publiques va finir par se reposer avec le moindre soutien à venir de la BCE (fin du programme d'achats « pandémie » en mars 2022). Avec des niveaux de dettes beaucoup plus élevés et en l'absence de hausse de la croissance potentielle, l'équation budgétaire est devenue encore plus compliquée. Si la BCE cherchera à soutenir les dettes européennes, une hausse durable de l'inflation pourrait l'obliger à devenir moins accommodante.
En France, le Projet de Loi de Finance 2022 prévoit un déficit public en nette diminution mais encore bien supérieur à celui de 2019. De plus, il ne prend pas en compte certaines mesures annoncées par le gouvernement. Le choix du gouvernement est celui d'une politique encore expansionniste en 2022 en période électorale et en l'absence de contrainte européenne. L'heure des comptes n'a pas encore sonné.
Comme la plupart des pays du monde, les pays européens vont ressortir de la crise du Covid avec des dettes publiques beaucoup plus élevées. La dette publique de la zone euro aura augmenté de l'ordre de 15 pts de PIB pendant la crise et se situera à environ 100% du PIB en 2022 d'après les estimations de la Commission européenne. Les pays de la zone ont tous enregistré d'importantes progressions de leur ratio d'endettement mais à des degrés divers. Globalement les pays du nord ont vu leur taux d'endettement augmenter d'une dizaine de po (...)
L’accès à la totalité de l’article est réservé aux abonnés.
Identifiez-vous
S'abonner
Offre d'essai gratuit sans engagement pour un abonnement d'un mois à la Lettre
Votre abonnement comprend un accès aux contenus du site www.financierterritorial.fr.
La lettre est accompagnée chaque mois d’une ou deux fiches techniques pour bénéficier de l’expertise et de la sécurité juridique nécessaire à vos décisions.