Le financement des dépenses de voirie... Tous les chemins ne mènent pas à Rome!
Le financement des dépenses relatives à la voirie illustre l'enchevêtrement des compétences entre les différentes collectivités locales. En effet, la compétence voirie est répartie entre les communes, les intercommunalités et particulièrement les métropoles, les départements et l'État. Il faut y ajouter pour une part minime les régions et les syndicats. Les différentes collectivités cofinancent souvent ces dépenses au moyen de fonds de concours. Pour les collectivités de plus de 3 500 habitants et les intercommunalités, le coût des dépenses de voirie s'élevait à 13,3 milliards d'euros en 2023. Ce sont donc des montants considérables qui sont en jeu, mais qui passent souvent inaperçus du grand public, car ils font rarement l'objet de débats politiques dans les assemblées.
La longueur de la voirie constitue un indicateur pris en compte pour la répartition de certains concours financiers de l'État. Les fractions « péréquation » et « cible » de la Dotation de solidarité rurale, la Dotation globale de fonctionnement des départements, la Dotation de soutien à l'investissement des départements ou encore le partage du produit des amendes de police de la circulation prennent en compte la longueur de voirie comprise dans le domaine public. En 2023, les départements et collectivités territoriales uniques géraient 377 250 kilomètres de voirie (34,5 %) contre 716 901 (65,5 %) pour le bloc communal. Une étude de la DGCL, parue en février 2025, a mis en évidence les fortes disparités entre les départements urbains et ruraux et les difficultés liées à l'exercice de cette compétence. Il existe, en effet, de fortes inégalités entre territoires.
La majorité des dépenses de voirie sont des dépenses d'investissement. Ainsi, elles sont le premier poste d'investissement des départements. Il existe un paradoxe dans l'estimation du coût de la voirie qui tient dans son caractère plus élevé dans les départements urbains à forte densité. La voirie départementale est, d'ailleurs, majoritairement localisée dans les territoires ruraux, ce qui peut générer des difficultés de financement quant à l'entretien ou la réalisation d'infrastructures routières. Les départements ruraux sont ceux qui dépensent le plus par habitant. Cependant, le coût de la voirie au kilomètre est plus élevé dans les départements urbains.
En matière de voirie, les relations entre bloc communal et départements ne sont pas toujours faciles. La crise du financement des départements entraîne actuellement un certain nombre de réductions des concours accordés jusque-là au bloc communal. Les relations entre l'État et les collectivités en matière de voirie s'avèrent compliquées et même contradictoires. Les nouvelles perspectives d'efforts demandés aux collectivités ne seront pas sans conséquence sur l'exercice de la compétence voirie. À terme, la réduction des financements des dépenses de voirie pourrait entrainer des conséquences sur la qualité de l'entretien du réseau routier. De même, la construction d'infrastructures nécessaires au développement de la construction immobilière encouragé par l'État pourrait se trouver atteinte. Or, une politique de construction de logements implique le financement d'infrastructures routières, de trottoirs ou encore de voies de mobilité « douces »... La France est réputée pour la qualité de son réseau routier. Il faut souhaiter que cela puisse demeurer !