Un aéroport régional, quel enjeu territorial pour quel coût ? Première partie : Le système aéroportuaire français et le rôle des collectivités territoriales
La présence d'un aéroport est considérée comme un atout pour les territoires. En 2004, l'Etat a d'ailleurs chargé les collectivités territoriales de les entretenir et de les gérer. Il a conservé les plus grands aéroports, ceux de l'Ile-de-France et ceux des grandes villes dont le rayonnement international était avéré. Si les plus grands aéroports sont confrontés à l'arrivée d'investisseurs étrangers dans le capital des sociétés d'exploitation (Toulouse, Lyon Saint Exupéry, Nice) ou de la société de construction/gestion Aéroport De Paris, les aéroports locaux ont plutôt tendance à rester dans la sphère publique et à en solliciter les subsides. La situation qui en résulte actuellement parait préoccupante, car les collectivités locales se trouvent face aux objectifs contradictoires de la rationalisation des dépenses publiques et du soutien à l'économie du territoire par la création et l'entretien des infrastructures. L'organisation des aéroports est complexe, impliquant de nombreux acteurs et flux financiers. Une clarification du système et de ses principaux enjeux pour le territoire est nécessaire dans une première partie. La grande diversité des situations ne permet toutefois pas de rendre compte de façon simple des motivations locales. Une vision ciblée sur quelques aéroports régionaux fera l'objet d'une seconde partie le mois prochain, de façon à rendre compte de préoccupations concrètes et des arbitrages réalisés.
La France recense 516 plateformes aéroportuaires sur le territoire métropolitain et outre-mer. Il faut distinguer ces plateformes selon leur usage : pour le transport public de passagers ou de fret, pour les activités militaires ou l'usage réservé des administrations de l'Etat, pour les voyages d'affaire privés, ou encore pour l'activité sportive et de loisirs via les clubs. Le code de l'aviation civile ajoute à ce classement des critères de distance des vols assurés et des conditions d'accessibilité des avions. Des critères techniques différencient finalement les aérodromes selon leur localisation (en montagne) ou le type d'appareils concernés (hélicoptères, hydravions, aéronefs à décollage vertical). Les collectivités locales sont intéressées à ces usages qui animent le territoire de façon variable, et peuvent contribuer à son développement. Elles sont directement impliquées dans leur devenir lorsqu'elles ont la propriété des terrains et bâtiments, voire de la gestion.
Une première section précise la place des collectivités locales dans le cadre complexe des responsabilités et du système financier des aéroports : elle mobilise de fait des financements et des leviers d'intervention. Une seconde section s'intéresse aux impacts attendus des aéroports pour le développement territorial : justifient-ils une intervention volontariste des collectivités locales ? La question de la pertinence des financements engagés sera reprise et explorée à partir d'exemples dans la seconde partie de cette rubrique le mois prochain.
Sonia GUELTON
Dans le cadre de l'Acte II de la décentralisation, l'Etat confie en 2004 aux collectivités territoriales la propriété, l'aménagement, l'entretien et la gestion des grands équipements de transport (ports, aéroports et transports urbains de voyageurs). Les collectivités territoriales peuvent ainsi revendiquer, avec la possibilité de créer et de gérer les aéroports civils, la propriété et la gestion d'un certain nombre d'aéroports commerciaux existants. A défaut de candidats, certains aéroports ont finalement été transférés par décret. En 2 (...)
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